BULBUL SHARMA
LA COLÈRE DES AUBERGINES
MAINTENANT QUE J’AI CINQUANTE ANS
Editions Picquier Poche
Ce sont deux recueils de nouvelles que j’aime conseiller pour aborder la littérature indienne.
Ce qui m’a plu dans ces récits, c’est le style d’abord, léger et drôle. Le sens du détail qui touche, la justesse dans les portraits, l’efficacité de chaque nouvelle.
On y découvre des femmes, des familles, des hommes, avec leurs préoccupations universelles dans leur monde particulier qu’est la culture indienne.
Les femmes que décrit Bulbul Sharma sont par exemple confrontées à la cohabitation avec leur belle-mère, situation spécifique à la tradition indienne, mais ont des questionnements sur leur âge, sur leur autonomie, que toutes les femmes du monde connaissent.
« MAINTENANT QUE J’AI CINQUANTE ANS », présente des femmes qui ont atteint cet âge pivot où en Inde on passe dans la troisième partie de sa vie. Après avoir élevé ses enfants, on peut enfin penser à soi. Que faire alors ? L’une d’elles s’enfuit, une autre se libère grâce à des cours de salsa, une autre fait la connaissance d’un étranger en faisant son jogging dans un parc et se demande jusqu’où elle peut le suivre.
« LA COLÈRE DES AUBERGINES » raconte des histoires autour de la cuisine et contient même les recettes confectionnées par les personnages. On peut y savourer le goût de l’Inde à tous les niveaux. L’onctuosité du curry, le feu des piments, le ghee qui chauffe dans la poêle. Mais aussi le quotidien d’un homme victime de la guerre culinaire que se font sa femme et sa mère pour lui plaire, la vengeance subtile d’une femme délaissée qui ajoute du piment dans les aubergines qu’elle sert à son mari sachant qu’il ne le digère pas, la surenchère de deux belles-familles pour un mariage.
Ce sont des personnages qui vivent dans l’Inde d’aujourd’hui.
Ce qu’ils ressentent nous concerne, fait écho à nos préoccupations. Ils sont très proches de nous et en même temps évoluent dans un monde où on ne mange pas du pain mais des chapati, où on va à Goa comme nous allons à Cannes, où les arbres ne sont pas des chênes et des peupliers mais des banians et des flamboyants.
Personnellement, j’ai rencontré peu de femmes en Inde avec qui j’ai eu l’occasion de discuter. Dans les milieux défavorisés, elles ne parlent pas anglais et les échanges sont limités. Elles sont un mystère pour moi. Que pensent-elles vraiment ? Comment vivent-elles ces traditions parfois contraignantes ? De quoi rient-elles ? À quoi rêvent-elles ?
Bulbul Sharma lève un peu le voile sur ces femmes discrètes et pudiques.
Bulbul Sharma est née en 1952, elle est peintre, illustratrice et écrivain. Elle travaille comme professeur d'arts plastiques auprès d'enfants handicapés.
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