Pour moi, l’Inde, ce sont ces cafés-restaurants, sur les toits des hôtels, les roof-tops. Quelques matelas par terre, des tables basses bricolées, une déco post-hippie et très souvent, une vue imprenable sur la nature, sur la ville.
On s’y pose en milieu de journée, quand la chaleur est trop forte dehors, et on se laisse aller à la douce torpeur d’un après-midi de vacances, juste sous le ventilateur. On commande une boisson fraiche au garçon que l’on réveille de sa sieste. Les cheveux en bataille, les yeux mi-ouverts, il disparait un long moment. Le temps s’arrête pour nous aussi, la soif elle-même finit par s’estomper et quand il revient avec la canette glacée, on avait presque oublié qu’on avait commandé quelque chose.
On s’y retrouve après le coucher du soleil, à la lueur des petites bougies, pour partager un diner épicé, arrosé de quelques bières. On peut bien boire un peu, au ras du sol, alanguis dans la quiétude d’un soir d’été.
On s’y réfugie quand le mal du pays nous attrape et on se console avec un thé chaud, dans cette ambiance de cabane de notre enfance, auprès des serveurs toujours gentils avec qui on regarde passer le temps. S’ils vous devinent triste, ils ont toujours un mot pour vous redonner le sourire. L’Inde c’est aussi cette chaleur humaine, cette présence des autres qui se soucient de vous.
On s’y installe pour écrire sur un petit carnet en papier fait main qu’on a acheté à la boutique d’à côté et on se prend pour Hemingway, Kipling, Indiana Jones, assis par terre entre des murs de bambou, sirotant une boisson à la mangue. Soudain, un grand fracas au-dessus de notre tête. C’est l’heure des singes. Toute une petite colonie déboule sur le toit en tôle et passe son chemin.